Dans notre pays de grincheux tout est toujours matière à polémique et l’empaquetage de l’Arc de Triomphe, œuvre posthume de l’artiste Christo et Jeanne-Claude ne fait pas exception.
« Qui a laissé traîner sa poubelle sur la place de l’étoile ? »
« emballé dans un plastique infâme un chef-d’œuvre de notre nation »
« Pouvons-nous gaspiller 25 000 m² de tissus pour l’emballage d’un monument ? »
Choquer, faire scandale, être incompris, émerveiller : le projet troublant et spectaculaire de Christo chamboule pour un temps notre paysage urbain.
Pourquoi emballer le célèbre monument de la place de l’Etoile ? En soustrayant momentanément au regard le monument, Christo et Jeanne-Claude amplifient son existence et en font un emblème de la liberté d’expression.
« L’arc de Triomphe sera alors comme un objet vivant qui va s’animer dans le vent et refléter la lumière. Les plis vont bouger, la surface du monument devenir sensuelle » expliquait Christo en présentant son projet, deux ans avant sa mort.
Le couple d’artistes le voulait ainsi, que le vent s’engouffre dans la toile, offrant l’illusion que le monument bouge… Un Arc de Triomphe qui palpite, comme s’il était vivant.
L’opération, poursuivie selon les vœux de l’artiste par son neveu Vladimir Yavachev, devait avoir lieu au printemps, or elle a été décalée lorsque la Ligue de protection des oiseaux a alerté Yachavev que des faucons crécelles, à cette saison, faisaient leur nid au sommet de l’Arc de Triomphe.
Entièrement autofinancé, comme toutes les installations de Christo et de son épouse Jeanne Claude, par la vente des travaux préparatoires, l’emballage du monument ne coûte en outre pas un centime à l’État et toutes les ventes de produits dérivés iront dans les caisses du Centre des monuments nationaux.
Si pour certains cette installation est une atteinte au patrimoine, pour d’autres elle est un véritable geste poétique.
Photo by Frédéric Michot @gogojungle
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